«L’homme qui médite est un animal dépravé»
Une matière est donnée : il s’agit de la nature humaine. Ce socle naturel va être travaillé par l’éducation qui va tenter de lui donner une forme ; autrement dit, la base naturelle va être reprise en main, façonnée, par l’éducation. Le but de cette éducation est à la fois simple et grandiose : l’humanité. On voit par là que l’humanité n’est pas donnée, mais à conquérir par la médiation de l’éducation ; elle est, comme le précise Kant dans un texte célèbre (extrait du Traité de Pédagogie), une destination.
Nous avons donc à changer, au cours de notre vie, de condition : nous naissons animaux, et nous avons à devenir humain. Les autres espèces resteront ce qu’elles sont : elles répéteront indéfiniment leur condition originelle ; pour elles, le temps perpétue l’état initial : ce temps n’apporte rien de nouveau, ce temps n’est pas de l’histoire. Pour nous au contraire, un changement radical, un progrès, doit se produire : il s’accomplira grâce à l’éducation.
On sait à présent ce qu’elle favorise : l’émergence, la naissance de l’humanité. Mais en quoi consiste-t-elle, au juste ? Kant la définit ainsi : elle est la somme de la discipline et de l’instruction.
Qu’est-ce que la discipline ? Kant la présente comme étant purement négative, car, à vrai dire, elle n’apporte pas quelque chose, mais enlève quelque chose, en l’occurrence la sauvagerie, « elle se borne à dépouiller l’homme de sa sauvagerie ». Cette sauvagerie est aussitôt définie comme « l’indépendance à l’égard de toute les lois ». Il faut donc imposer des lois à la nature bestiale, animale, de l’homme, afin d’en faire un être civilisé.
Sans la discipline, nous resterions ce que nous sommes à la naissance, c'est-à-dire, sauvages. L’éducation, et tout particulièrement la discipline, est donc un rendez-vous capital, le rater, c’est rester un animal. Elle doit être complétée par l’instruction ; mais celle-ci est moins essentielle, bien que Kant dise d’elle qu’elle est « la partie positive de l’éducation » ; positive, car elle apporte quelque chose : un savoir, des connaissances. L’absence ou la faiblesse de l’instruction nous laisse incultes, mais humains.
En somme, ce n’est que par la médiation de l’éducation, et en particulier, de la discipline, que nous deviendrons humains.
«El hombre que medita es un animal alejado de su pureza natural»
Se cuenta con un material : se trata de la naturaleza humana. Este zócalo natural va a ser trabajado por la educación, que va a tratar de darle una forma. Dicho de otro modo, la base natural va a ser retomada, moldeada, por la educación. El objetivo de esta educación es al mismo tiempo simple y grandiosa : la humanidad. Vemos así que la humanidad no es innata, sino que debe conquistarse por medio de la educación. Ella es, como lo precisa Kant en un texto célebre (del Tratado de Pedagogía), una destinación.
Nosotros cambiaremos, en el curso de nuestra vida, de condición: nacimos animales, y debemos convertirnos en humanos. Las otras especies quedarán en lo que son : repetirán indefinidamente su condición original ; para ellas, el tiempo perpetúa el estado inicial: este tiempo no aporta nada nuevo, este tiempo no es historia. Para nosotros, por el contrario, un cambio radical, un progreso, debe realizarse, y se logrará gracias a la educación.
Sabemos ahora lo que ésta favorece : le emergencia, el nacimiento de la humanidad. Pero en qué consiste ella, exactamente? Kant la define del modo siguiente: la educación es la suma de la disciplina y la instrucción.
Qué es la disciplina ? Kant la presenta como puramente negativa ya que, a decir verdad, ella no aporta algo sino que mas bien quita algo ; en este caso, el salvajismo. “La disciplina se limita a despojar al hombre de su salvajismo”. Este salvajismo es inmediatamente definido como « la independencia frente a todas las leyes ». Hay entonces que imponer leyes a la naturaleza bestial, animal, del hombre, con el fin de hacer de él un ser civilizado.
Sin la disciplina, permaneceríamos como somos al nacer, es decir, salvajes. La educación, y particularmente, la disciplina, es una experiencia capital; no vivirla, es seguir siendo un animal. Ella debe ser completada por la instrucción, pero esta última es menos esencial, aunque Kant la llama « la parte positiva de la educación”. Positiva, puesto que aporta algo: un saber, conocimientos. La ausencia o la debilidad de la instrucción nos deja incultos, pero humanos.
En suma, es sólo por medio de la educación, y en particular, de la disciplina, que nos convertimos en humanos.
Pierre ROUQUAIROL
Proviseur